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J36 - Samedi 13 août 2011 : Refuge de Rhule -> Refuge du Barrage des Bésines


(Hors GR10, en passant par le GRT68  -> Andorre L'Hospitalet -> GR107 -> Bésines)

Lac et refuge au loin (au pied du Pic de Rhule)
La journée avait bien commencé au refuge de Rhule sous un ciel bleu et ensoleillé, mais les prévisions étaient claires : une dégradation des conditions météorologiques se profilerait dès l’après-midi. Et ici, ce soir, dans ma petite cabane des Bésines, je me dis que la chance sourit aux audacieux, car je suis au chaud, au sec... et au calme après avoir survécu à quelques mésaventures en fin de journée.

Plus tôt ce matin, j’avais décidé, après avoir quitté et laissé mes compagnons (Jane, Robert, Rémy) de plusieurs jours filer vers Mérens-les-Vals, de ne pas suivre le GR10 classique qui descend vers / puis remonte de Merens, mais de poursuivre sur le GRT68 qui reste plus en hauteur et qui longe une série d’étangs aux eaux cristallines. Étonnamment, autour des lacs, de nombreuses floraisons s’épanouissent alors qu’ailleurs, elles sont fanées depuis belle lurette : petit cocriste (ou rhinanthe), digitale jaune, aconit... Malgré la beauté des lieux, ce n’est pas l’affluence redoutée pour un samedi ensoleillé. Quelques groupes d’Espagnols, un jeune couple avec enfant sur le dos, quelques pêcheurs ou randonneurs isolés, guère plus. Mais il faut reconnaître que cette balade se mérite, les routes étant à bonne distance et la grimpée pas à la portée du premier venu...

Peu après le refuge et les lacs, dans la montée, un entrepreneur pioche le sentier du GR pour le rendre plus accessible. Payé par le Conseil général car me dit-il « À part la randonnée, y a pas grand chose à faire en Ariège ».

Aconit
Gentianes jaunes

Plus loin au bord d’un étang je recroise un français vu quelques heures plus tôt à la fontaine du refuge de Rhule. Il ne m’a pas dépassé, il a coupé au plus court en gravissant la montagne depuis le refuge pour se retrouver là où je le retrouve alors que moi j’ai contourné tout le massif pendant 3h30 pour arriver au même point. Sauf qu’avec mon gros sac à dos, je n’aurais pas pu suivre ce parcours. On parle de l’ours, sujet de prédilection en Ariège. Le seul ours qu’il n’ait jamais vu dans ces montagnes, me dit-il, sévit au refuge des Bésines. Je fais le lien avec ce qu’une autre personne m’exprimait la veille en insistant sur l’importance d’arriver avant 19h30 à ce refuge pour que le responsable serve un repas. Une manière diplomatique peut-être pour me faire comprendre en d’autres mots la même chose ?

De nombreux éboulis de pierres encombrent le GR, mais après 12 jours de marche, mes pieds alertes les enjambent aisément. 6 heures de marche plus tard, j'atteins l’Hospitalet et croise, peu avant, un concitoyen flamand, Mark, originaire de Leuven. Il est « moins une » car depuis quelque temps le tonnerre gronde et à peine étions-nous installés à la terrasse de l’hôtel-restaurant que le ciel nous tombe sur la tête (heureusement bien protégée par un parasol mural). Nous échangeons nos impressions et expériences autour de la randonnée, de l’impasse politique belge... Et en abordant la question professionnelle, quelle surprise de découvrir que nous avons plusieurs amis et connaissances en commun. Sûr qu’on se reverra !

L'Hospitalet
L’orage gronde au loin et mon intention première est d’aller au gîte de l’Hospitalet mais après une pause d’une heure, je sens que c’est la grande forme. Je suis optimiste et confiant dans ma bonne étoile car les grondements du tonnerre semblent s’éloigner. Aussi, je passe à côté du gîte avec la ferme intention de rejoindre au moins le lac et les cabanes des Bésines, sinon le refuge qui se trouve à 2h30 de marche de l’Hospitalet. Je marche d’un pas décidé... et une demi-heure plus tard je dois bien reconnaître que mon optimisme risque d’être mis à dure épreuve : le tonnerre gronde de plus belle et le front sombre des nuages qui semblait s’éloigner... se rapproche. C’est sûr, je vais en baver et je regrette à présent mon choix... Mais il est trop tard pour faire marche arrière. J’accélère encore le pas et, aux dires de randonneurs qui rebroussent chemin, à ce rythme je pourrais bien atteindre le refuge des Bésines... dans 1h30. Gloups ! Je connais ce genre de situation, de toute évidence le ciel sombre va subitement m’éructer quelque chose sur la tête et , sans crier gare, lorsqu’il l’aura décidé... Aussi, je me prépare à me faire saucer en recouvrant mon sac à dos de sa housse protectrice et en enfilant ma cape de pluie. Et en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, les premières gouttes de pluie se transforment en une averse de grêlons, d’abord gros comme des petites billes d’enfants, ensuite énormes comme des œufs de caille. Je me réfugie sous un conifère et protège le dessus de ma tête de mes deux mains, car ce sont à présent des œufs de pigeon, volumineux comme les billes « cartaches » de ma jeunesse, qui s’abattent avec une rare violence. Je râle sur ma témérité et à la fois je ris sous (ma) cape, face à cette situation à laquelle je prends beaucoup de plaisir, sachant qu’un orage ne dure jamais longtemps et qu’au pire, on n’osera pas refuser ma présence au refuge dans un si triste état... Le sol est jonché de ces billes blanches de différents calibres que j’écrase sous mes pas en galopant entre deux averses.

Je traverse les paysages sans les voir... J’arrive finalement à la première des deux cabanes de Bésines (Refuge du Barrage des Bésines) dans laquelle je m'engouffre. Il y fait sec, il y règne même une certaine chaleur et il présente de bonnes places de couchage. Sans que ce ne soit le grand luxe, elle me plaît bien ! Je me l’approprie l'espace d’une nuit en étant presque certain de ne plus croiser ce soir d’autres randonneurs sur les chemins inondés : soit ils sont à l’abri depuis belle lurette dans une autre cabane, soit ils sont au Refuge CAF des Bésines. Et aucun regret de ne pas être parmi eux, car j’aspire à une soirée au calme, en solitaire... sans devoir subir les ronflements de voisins de chambrée !

En attendant demain matin, je salive à l’idée d’aller tâter le petit-déjeuner chez « l’ours » du refuge CAF de Bésines...

Bon à savoir :
GRT68 entre Rhule et l'Hospitalet
        Du refuge de Rhule il est possible de rejoindre les Bésines sans descendre sur Merens en prenant le GRT68 vers l'Hospitalet (par de superbes lacs) puis le GR107 de l'Hospitalet aux Bésines.
        Pas de source d’eau entre le refuge de Rhule et Andorre l’Hospitalet (mais de nombreux ruisseaux).
        Plusieurs possibilités de bivouac entre le refuge de Rhule et Andorre l’Hospitalet (notamment au bord d’étangs).
        Andorre L’Hospitalet : gare de train internationale, magasin, bar-restaurant, distributeur d’argent.
        Deux cabanes sur le GR107 (L’Hospitalet -> Bésines) avant le refuge de Bésines : le refuge du barrage des Bésines et la cabane des Bésines.


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