Matinée brumeuse... Depuis
plusieurs jours, et en haut du Canigou déjà, j’espérais voir la Méditerranée,
destination finale... Sans succès, les vallées étant recouvertes d’une brume ou
d’un brouillard épais. Les éléments
naturels entament une nouvelle fois les espoirs et la persévérance des randonneurs
sauf que, aujourd’hui, c’est acquis, nous la verrons, la mer, les pieds dans
l’eau s’il le faut !
Jane et Robert dans la brume...
Peu importe pour moi si les
horizons sont bouchés. Cette météo n’est pas pour me déplaire, moi qui fuit le
cagnard, même si elle n’offre que peu de visibilité sur les paysages. En
l’absence de soleil, la randonnée n’en sera que plus agréable et ces flots de
brumes qui naissent et disparaissant donnent une allure mystérieuse aux
montagnes décorées de ses genévriers rampants et de ses houx taillés de formes
artistiques par les troupeaux de bovidés...
Cette dernière étape, malgré son
caractère méditerranéen prononcé, garde des difficultés montagnardes dignes de
certaines étapes ariégeoises. Le Perthus nous avait déjà donné un avant-goût de
retour à la société consumériste. Rien de tout cela ici, le contraste est moins
violent, les sentiers terreux du GR10
arrivant jusqu’aux portes de la cité sans passer par des banlieues tristes ou
des zones industrielles grises...
Notre arrivée sur la plage de Banyuls ne
passe pas inaperçue parmi les hordes de touristes en maillot de bain. Mais
contrairement à Hendaye où il y a 3 ans j’étais seul et timoré à l’idée de me
frayer un passage sur la plage parmi le flot de touristes bedonnants et luisants,
ici nous arrivons en force. Ni une, ni deux, en moins de temps qu’il ne faut
pour le dire, mon sac à dos, aussi gros que le ventre rebondi de nombre de
plagistes avachis est jeté sur la plage avant de courir à l’eau. Comme il se
doit, nous immortalisons aussi ce moment par un flot de photos dignes des plus
grands paparazzis devant la fresque de la mairie et sur la plage.
Arrivée à Banyuls plage !
Pour la première fois depuis des
semaines nous pouvons replier et ranger nos précieux auxiliaires que sont les
bâtons et bottines de marche... avant un nouveau départ, peut-être l’an
prochain, vers de nouvelles destinations. À suivre...
Bon à savoir :
●Eau à 5 min. avant le refuge de la Tagnarède
●Eau 1 heure après le refuge de la Tagnarède (au col de
la Massane - Massania)
●Eau encore à deux autres endroits avant Banyuls :
source captée 15 min sous le Pic de Sallfort + 1 h avant Banyuls
●Refuge de la Tagnarède : TTB !
●Zone de bivouac intéressante à hauteur du point d’eau,
5 min avant le refuge de la Tagnarède (table et zone de pique-nique).
Avant-dernière ligne droite avant
de terminer le GR10. Il faut d’abord grimper vers un lotissement de secondes
résidences le long d’une route macadamisée avant de tomber sur une piste qui
traverse en partie des forêts de hêtres, ensuite le Mas Nou, des
terres privées occupées par des naturistes où j’observerai une mygale (Atypus
sp) traversant le chemin. Au bout de trois heures de marche, nous
arrivons au Perthus qui est l’un
des principaux passages autoroutiers des Pyrénées... Quelques vestiges romains
des ruines de Panissars et le Fort de Bellegarde vaudraient le détour, mais la
chaleur accablante ne nous pousse pas à faire une halte prolongée.
Entre le Perthus et le col de l'Ouillat
Le Perthus, c’est le temple de la
consommation pour des flopées de touristes pour la plupart aussi bedonnants que
les sacs à provision d'alcool bon marché qu’ils transportent. En les observant
défiler, je ne manque pas de me poser des questions vers le retour à la
“civilisation” après trois semaines d’itinérance où je vécu au jour le jour
avec l’essentiel sur le dos... Le Kebab bien gras que nous nous enfilons
complète ce menu peu ragoûtant de ce retour proche à la “réalité”...
Chêne-liège
Une heure après cette pause, nous
passons sous l’autoroute et fuyons vers des sommets plus calmes. Direction, le Col
de l’Ouillat (936 m) par des pistes forestières, des chemins et des
sentiers durant 3h30 environ. L’étape de la veille avait déjà un avant-goût
prononcé de Méditerranée, mais celle-ci ne laisse plus aucun doute planer.
Plusieurs espèces de chênes, dont le chêne-liège, composent les forêts avec une
variété de fleurs, à présent fanées mais dont les floraisons doivent colorer
les paysages et les flagrances, inonder l’atmosphère à la belle saison :
cistes, lavandes... La dernière montée vers le col de l’Ouillat, plus abrupte
que les précédentes, me rappelle avec un brin de nostalgie quelques tronçons
d’Ariège...
Coucher de soleil au Col de l'Ouillat
Arrivée avec satisfaction au chaletdel’Albère
(Col de l’Ouillat) où nous nous prenons une bière... Une zone de
pique-nique en face du chalet accueillera nos tentes pour la nuit... Excellent
repas (16 €) avec nos amis Français, Anglais et Espagnol.
Robert et Jane
A quelques jours de l'arrivée, Jane et Robert témoignent...
L’écurie est proche, je le sens,
prendre mon carnet de route et écrire devient un labeur...
Bon à savoir :
●Source d’eau (fontaine), 15 min après le Perthus.
●Tuyau d’eau environ deux heures après le Perthus (mais
attention, peut-être temporaire).
●Le chalet de l’Albère (Col de l’Ouillat), une
excellente adresse gastronomique !
Petit déjeuner matinal pour un
départ tout aussi matinal... En discutant avec Catherine et Laurent qui nous
présentent les différentes options de randonnée de la région, nous décidons de
ne pas prendre le tronçon suivant du GR10 qui traverse essentiellement des forêts
afin de privilégier une « variante ». Cette variante est beaucoup
plus intéressante d’un point de vue paysager : elle passe par des crêtes,
rejoint le HRP vers le col de Frausa (ou de France) avant de
redescendre vers l’Ermitage de Salinas - le col de Lli - Las Illas
(550 m)... (voir détails dans « Bon à savoir »).
Vers le Pic Frausa (photo : Rémy Cavailles)
C’est en
parcourant cette étape qu’on peut se rendre compte combien les GR, et en
particulier ici le « mythique » GR10, n’empruntent pas toujours les
sentiers les plus beaux ou les plus intéressants. À vouloir suivre aveuglément
le GR10, on en arrive parfois à ne faire que grimper et descendre le long de
sentiers forestiers de moindre intérêt par rapport à d’autres sentiers ou
variantes...
Jean-Loup
Jean-Loup mérite bien son titre
d’accompagnateur de randonnée, il est intarissable sur une foule de sujets
relatifs à la montagne. Ainsi vous connaissez, vous, la différence entre une
« clarine » et une « sonnaille » ? Une "bête cloche" ? Pas si sûr...:
Roman
Roman, lui, semble bien être un
croisement entre un cabri et un homme, il sautille de rocher en rocher et
s’amourache d’un troupeau de chèvres à cornes haut perché... Optimiste et hédoniste devant l'éternel, pour Roman tout est toujours... ;-)
Après environ 6 heures de marche
effective, arrivée au village de Las Illas où nous jetons nos sacs sur
la terrasse de l’HostalDelsTrabucayres. Le bivouac est autorisé, nous dit-on, au bas
du village sur une aire de pique-nique. Au restaurant de l’hôtel, le soir,
grande surprise, nous retrouvons Jane et Robert, nos deux amis anglais perdus
de vue depuis plusieurs jours...
Bon à savoir:
●Du gîte de La Palette, deux variantes s’offrent au
randonneur qui veut éviter le tronçon forestier de l’étape suivante : le
sentier balisé « bleu » Gîte - Col de Cerda où on rejoint le GR10
(voir « Bon à savoir » 21/08) ou le sentier grimpant vers le Col
de Frausa - Las Illas (voir ci-dessous).
●Infos pratiques pour la variante du GR10 - col de
Frausa (ou de Frausia ou France) - Ermitage de Salinas - col de Lli - Las Illas : à
la sortie du gîte, au lieu de tourner à gauche vers Montalba, tournez à droite
sur quelques centaines de mètres et prendre la piste forestière qui monte
légèrement sur la gauche. Ne pas prendre le premier sentier balisé bleu sur la
gauche (voir étape de la veille) mais le suivant, sur la gauche également. Il
n’est pas balisé (quelques vagues marques vertes tout au plus...) mais un
panneau indique vaguement « Pic de Frausa ». Il est toutefois bien
tracé et kairné. Il grimpe en épousant une croupe rocheuse jusqu’à une piste
qu’on traverse pour continuer à grimper sur la croupe. Des marques jaunes (HRP)
apparaissent. Les suivre pendant longtemps jusqu’au Pic de Frausia d’où une
piste en béton descend (+ source d’eau) jusqu’au Col dells Pous. Suivre
en descente des marques GR et rejoindre l’Ermitage de Salinas, ensuite à
nouveau des marques GR puis jaunes vers le col de Lli. A ce col, à hauteur
d’une superbe bâtisse et d’un mémorial de la guerre civile espagnole, suivre la
direction « Las Illas » (piste forestière puis sentier). Voir le tracé ci-dessous entre le gîte de la Palette et le Col de Frausa.
●Source d’eau le long de la piste qui descend après le
Col de Frausa.
●L’Ermitage de Salinas est un refuge non gardé. Source
d’eau et excellents terrains plats herbeux pour bivouaquer. Bar ouvert
seulement le week-end.
●À Las Illas, bivouac autorisé au bas du village sur une aire de pique-nique (avec robinet d’eau). À côté de l’arrêt de bus qui surplombe cette aire, il y aurait une douche (à vérifier).
●Excellente cuisine à l’HostalDelsTrabucayres à Las Illas !
La nuit porte conseil, dit-on. Je
décide de rester une journée supplémentaire au gîte, de me poser après 3
semaines de marche... et surtout d’y poser mon sac à dos ! Je suis dans
les temps pour arriver à Banyuls et ainsi je retrouverai ce soir mon camarade de
randonnée, Rémy et peut-être « mes » deux anglais, Jane et Robert.
Mais pas question de rester inactif. Laurent me renseigne un sentier (balisé en
bleu) qui monte vers le Col Cerda et descend ensuite vers Montalba après
avoir longé le Roc de Saint-Sauveur (San Salvador). La montée vers le
Col Cerda est une variante bien plus intéressante que le GR10 : d'une
part, elle est plus courte... mais surtout elle offre de superbes vues sur la
vallée, à l’inverse du GR10 vers Montalba - Cerda qui ne traverse que des
forêts.
Roc de Saint-Sauveur
Une bien belle journée de “pause”... à savoir 6 heures de marche, sans
sac. Priorité en revenant : une baignade, évidemment. Deux jeunes Français et quatre Allemands
sont attablés sur la terrasse. Ils sont en attente de repartir quand le soleil
sera au plus bas. En fin de journée arrive Rémy accompagné non pas de “mes”
anglais mais de Jean-Loup, accompagnateur de randonnée dans la vie active
(pourquoi, elle n’est pas active la vie ici ?) et Roman, randonneur espagnol.
Je poursuivrai avec ce trio jusqu’à Banyuls... En attendant, santé avec nos hôtes !
Bon à savoir :
●Eau (fontaine) à Montalba
●Variante plus courte et plus intéressante du GR10
rejoignant le Col Cerda (évitant ainsi un sentier presque entièrement
forestier) : en sortant du gîte de La Palette, au lieu de prendre à gauche
vers Montalba, prendre à droite la route puis un chemin forestier qui monte
légèrement vers la gauche. Passer devant des caravanes qui se trouvent sur la
droite. Peu après, un sentier balisé en bleu monte et serpente sur la gauche
jusqu’au Col Cerda. Du gîte au col : 1h30. Pas de source en chemin.
J-3... Le compte à rebours vers
Banyuls est lancé. Arles-sur-Tech présente toutes les facilités des
bourgades (commerces, bars...), aussi je m’octroie une pause d’une heure à une
terrasse après les trois heures de descente depuis le gîte de Batère. 11 heures
sonnent à l'Église d’Arles quand je me remets en marche. Le soleil tape dur,
l’air est sec et aucun vent ne vient rafraîchir l’atmosphère dans la montée
interminable vers le Col de Paracolls (2 heures). Aussi, alors
qu’habituellement j’ingurgite ½ litre d’eau pour trois heures de marche, ici ce
sont mes 1 ½ litres qui y passent... et qui, à chaque gorgée, repartent illico
presto en sueur. J’en rêve, mais il n’y a pas la moindre source d’eau dans la
montagne pour se désaltérer. Ce n’est
qu’un peu avant le gîte de la Palette que quelques filets d’eau réapparaissent
puis, enfin, la rivière vrombissante au pied du gîte... où je me jette en
arrivant.
Vue sur Arles-sur-Tech
L’étape du jour marque une
nouvelle transition au départ d’Arles-sur-Tech. La végétation devient
clairement de type méditerranéen (garrigue, maquis...) avec l’apparition
d’essences comme le chêne vert, le chêne-liège et des plantes aromatiques,
comme les cystes, toutefois fanées en cette saison. Et pour confirmer encore un
peu plus cette tendance, dans la rude montée vers le Col de Paracolls
(870 m), j’entends au loin des guêpiers, oiseaux on ne peut plus
méditerranéens !
Ecogîte de la Palette
Laurent et Catherine ont repris
le gîtedelaPalette(661 m) il y a deux ans pour progressivement le transformer en écogîte.
Le petit pont de bois artisanal qui y mène donne l’impression de pénétrer dans
le repère de Robinson Crusoé. L’absence d’informations sur la présence de
sources d’eau ou de ruisseau ne me pousse pas à poursuivre mon chemin, d’autant
que je ne suis pas pressé par le temps. Aussi, je camperai à proximité
immédiate tout en profitant d’un bon dîner et petit-déjeuner bio au gîte. La rivière toute proche est un délice et je
profite également des cascades d’eau pour faire une lessive au naturel,
entendez par là à la seule force du jet de celle-ci.
Se retrouvent autour de la table
ce soir pour apprécier la cuisine originale et savoureuse de Catherine, les
deux couples de Français de la veille et un cycliste.
Bon à savoir :
●Pas de source sur cette étape, avant et après
Arles-sur-Tech.
Ce matin quand je me réveille, je
crois être dans un mauvais rêve : je crois entendre un ronfleur qui se
révèle être un vrai dans une tente installée de nuit à quelques mètres de la
mienne. Le petit-déjeuner est de même facture que ceux servis dans la plupart
des refuges : de la mauvaise confiture industrielle... mais le café, lui,
est correct. Aujourd’hui le chemin des Randonnades se sépare du mien, moment
immortalisé par une exceptionnelle photo de groupe.
Les Randonnades
Du refugedesCortalets,
deux options sont possibles. Le topoguide renseigne comme première la piste
touristique jusqu’au Ras del Prat - Cabrera. Mais même son statut de
« touristique » n’est pas de nature à me donner envie d’emprunter ce
casse-pieds poussiéreux. La variante « GRP Tour du Canigou » que
je conseille vivement (voir « Bon à savoir ») suit les courbes de
niveau et offre de superbes vues sur la mer de nuages qui recouvre la vallée.
Mer de nuages
Au croisement du GRP avec la
piste (Ras del Prat - Cabrera), je retrouve la jeune et sportive Marie et sa
maman, croisés aux refuges de Mariailles et des Cortalets. Ensuite, le GR suit
à nouveau les courbes de niveau et emprunte par endroits un chemin en
surplombs.
Abri de Pinateil
À l’abridePinateil flambant neuf, trois personnes
sont en train de pique-niquer : Patrick, Mickaël, Tonny. Le patriarche,
Patrick, est un intarissable blagueur. Il me propose de prendre un verre. Y a
le choix entre du rosé, du pastis et du rhum. Rien de moins... « Jamais
quand je randonne », lui dis-je... Mais un quart d’heure plus tard,
avec Marie qui m’a rejoint entre-temps, nous enfilons verres de rosé,
sandwiches et salades de riz. C’est cela en moins qu’ils devront porter, nous
disent-ils avec satisfaction. La randonnée au long cours, ce sont aussi ces
rencontres improvisées, simples et bon enfant basées sur l’accueil, le plaisir
et la joie de l’échange...
Gîte de Batère
Vu cette halte inopinée, je
raccourcirai mon étape du jour en passant la cabanedel’Estanyol (environ 1 heure après Pinateil)
et m’arrêtant au GîtedeBatère. J’y retrouve Marie et sa
famille, et deux autres couples d’une cinquantaine d’années (Robert et Michèle
/ René et Chantale). En coup de vent passe une randonneuse solitaire partie le
11 juin d’Hendaye et qui tient un blogdécrivant sa traversée.
Deux randonneurs catalans croisés
plus tôt m’avaient prévenu : on mange excellemment bien au gîte de Batère.
Repris par deux jeunes dynamiques il y a deux ans, c’est vrai qu’ils mettent
les petits plats dans les grands pour satisfaire les randonneurs. Au menu, ce
soir : langue de bœuf (et de l’excellente !) en entrée, cailles farcies -
polenta (plat) - glace et sorbet.
On retrouve également autour de
la table trois randonneurs Canadiens, quelques Espagnols et une famille de
compatriotes néerlandophones...
Bon à savoir :
●L’abridePinateila entièrement été refait (tout neuf !)
avec un feu à bois en fonte et une source d’eau. 8 places.
Départ à 7h00 pour profiter des
heures les plus fraîches. L’objectif de la journée est simple : monter sur le Pic
du Canigou (2784 m) par une variante (également HRP) qui s’écarte du
GR10 avant de rejoindre le refuge des Cortalets. Un peu plus de deux heures de
montée sans grande difficulté sur un sentier bien balisé et 1000 fois tracé par
le flux quotidien de touristes. Seul le dernier tronçon montant au Pic
nécessite de délaisser ses bâtons et de grimper à l’aide de ses mains. Au
sommet, il y a affluence et au fil du temps le sentier se transforme en une
véritable autoroute avec pour aire de repos et de pique-nique, le sommet. La
vue est superbe entre une mer de nuage et des sommets bien éclairés qui la
surnage. Se mêlent ici des Catalans, des Français, des Allemands...
Ensuite, plutôt que de continuer
le sentier vers le Pic Joffre, je préfère redescendre pour récupérer mon
lourd sac à dos laissé au pied du Pic et monter ensuite sur la crête de
Barbet avant de redescendre par un bon sentier vers le RefugedesCortalets(2150 m). En chemin, j’observe deux faucons, l’un crécerelle, l’autre
pèlerin, se poursuivant au-dessous de quelques vautours plus haut dans le
ciel...
Vue du haut du Canigou
Descente de la crête Barbet vers les Cortalets
L’étape du jour, à peine 6 heures
pauses comprises, me permet de souffler toute l’après-midi à la terrasse du
refuge...
Souper Calamars-riz (17 €) +
petit-déjeuner (7 €) et ce soir, Randonnades (le groupe de randonneurs
croisé la veille) rime avec franches rigolades.
Bon à savoir :
●Je ne peux que vous conseiller d’emprunter la variante
du GR qui grimpe sur le Pic Canigou. Plus courte et plus paysagère que le GR
classique décrit dans le topoguide.
●Le RefugeArego (cabane) est fermé pour cause
d’éboulement.
●Source d’eau au Refuge Arego et à mi-distance entre ce
refuge et le sommet du Canigou.
Aujourd’hui, lever plus matinal,
soit à 6h30, histoire d’arriver à Mantet vers 8h00 pour petit-déjeuner
dans un gîte. Petit-déjeuner royal au gîteàlafermeCazenove où pour la première fois depuis
le gîte d’Esbints, j’ai droit à de savoureuses confitures maison :
abricots, figues, oranges... J’y retrouve un joyeux groupe de randonneurs
croisé la veille à hauteur de la cabane de l’Alemany. Ils font partie des Randonnades
et sont plus rigolos et extravertis les uns que les autres. Les étapes étant
calquées sur les gîtes et les refuges de la région, je les croiserai à nouveau
en soirée au RefugedeMariailleset quelques jours suivants.
Mantet
Bourdon capturé par une araignée
Py comme Mantet sont
de charmants petits villages en pierre du pays. Mon chemin croise aussi celui
de Jean-François, ancien agriculteur bordelais, sourcier et géobiologue, et fin
connaisseur du GR10 et GR11 dont il n’est pas à la première traversée. Nous
papotons ensemble une bonne demi-heure sur la transformation que la marche au
long cours opère sur le randonneur, sur le « hasard » et le pouvoir
de la pensée. Ainsi il m’explique par exemple avoir pensé un jour à une
vipère... et en avoir vu deux en train de s’accoupler, une demi-heure plus
tard, au beau milieu d’un sentier. J’effectuerai moi-même l’expérience du
« pouvoir de la pensée » peu après Py en maraudant des prunes à la
belle robe noire en bordure d’une route surplombant un fossé. Tout en poussant
toujours plus loin la cueillette au bout des branches, je me dis subitement
« Faudrait pas que je tombe dans le fossé ». La pensée devança
l’action : une fraction de seconde plus tard, je me retrouvai au pied des
buissons, après une culbute avant de deux mètres... Plus de peur que de mal, la
prochaine fois, je penserai « positif ».
Tour de Goa au loin
Coca équitable !
À Mantet déjà, j’avais pu
constater la présence de nombreux fruitiers, en particulier des pommiers. Py
semble être le village des fruits avec la présence partout des pommiers,
poiriers, mirabelliers, reine-claudiers... dont je ferai bombance. La
végétation change encore et aux pins s’ajoutent des frênes et des alisiers,
avec des montagnes plus basses, plus dénudées... Au Col de Jou (1125 m),
deux heures après Py, je rentre dans le massif du Canigou, comme
l’indique un panneau d’information. Belle vue sur plusieurs chaînes de
montagnes dont une surplombée de la tour de Goa. Construite au 13ème
siècle, cette tour cylindrique a un rôle défensif. En cas de danger, les guetteurs
faisaient sur le toit plat un feu que les autres tours de la région relayaient.
Pentes douces et replats le long
de sortes de « levada » (canaux transportant de l’eau de la montagne
vers les cultures) se succèdent, 1h40 de montée forestière pour arriver au pied
d’une colline herbeuse où crèche le refugedeMariailles.
De sa terrasse, superbe vue sur le sommet du Canigou que je compte gravir
demain... dans une ambiance musicale avec Marie à la guitare :
Vue sur le sommet du Canigou depuis le refuge de Mariailles
Je trouve quelques m² de plat,
100 m derrière le refuge... Pas de ruisseau dans les environs immédiats:
mes deux bouteilles remplies au robinet d’eau à côté du refuge seront
suffisantes pour me donner une nouvelle propreté. En soirée, souper convivial
avec le groupe des Randonnades, dodo...
A nouveau, c’est une journée
éprouvante pour mes pieds qui surchauffent. L’Ariège est définitivement
derrière moi. Finies les forêts de hêtres, place aux coteaux secs peuplés de
pins et de genêts. Des insectes plus thermophiles comme l’Ephippiger - une
grosse sauterelle -font également leur apparition.
Ephippiger
500 mètres de dénivelés et un peu
plus de 2h30 de montée inaugurent ma journée pour atteindre le Col de Mitja (2367 m).
En chemin, je croise et papote avec deux locaux à l’accent savoureux. Ils attendent le berger du lieu qui doit leur
donner leur cadeau, un agneau, gagné à la foire locale.
Rencontres en chemin...
Refuge du Ras de Caranca
Après le col, une heure de
descente dans un mauvais sentier tue définitivement mes pieds de sorte que je
m’octroie une grande pause d’une heure au RefugeduRasdeCaranca(1831 m). C’est l’heure du dîner, aussi je n’hésite pas... La totale :
omelette, vin, café au lait (9,70 €) !
Ceci n'est pas un volcan ! ;-)
Col del Pal
1 heure après, « bon pied »
bon œil, c’est reparti pour une montée de deux heures à travers des forêts de
pins au Col del Pal (2294 m), une large croupe herbeuse offrant un
vaste panorama sur les montagnes avoisinantes. Dernière descente, d’une heure environ,
pour atteindre le Refugedel’Alemany, mon étape du jour. Refuge très
confortable mais déjà occupé ce soir-là par plusieurs familles qui ont investi
les lieux pour une soirée. Mesdames et messieurs les touristes, ce message vous
est destiné : les refuges et les cabanes de montagne ne sont PAS des centres de
vacances !
Refuge de l'Alemany
Je préfère le calme aux cris d’enfants, aussi je m’éclipse et monte
ma tente plus loin. La source est tarie mais le ruisseau, 100 mètres plus loin,
me semble parfait pour faire le plein d’eau (+ micropur) et me laver. Je
savoure l’autonomie que m’apporte la tente car d’autres enfants affluent encore
amenant un nouveau flot de cris plus aigus et énervants les uns que les
autres...
En soirée, le ciel se voile et se
couvre d’une brume non menaçante. Enfin, j’espère...
Bon à savoir :
●Source (tuyau) d’eau tarie au Refuge de l’Alemany.
Ruisseau à 100 mètres.
●Source d’eau dans la montée vers le Col de Mitja (une
demi-heure avant le col)
Aujourd’hui, la transition vers
la « civilisation » se fait plus brutale après 10 jours passés à
crapahuter dans les coins « les plus sauvages » des Pyrénées
ariégeoises, où il est possible de marcher une journée entière sans croiser une
voiture. S’il passe à côté des télésièges de « Pyrénées 2000 », le GR
évite heureusement de rentrer dans Superbolquère qui, je le crains, doit
être aussi moche que Superbagnère (lien).
Rémy me livre ses impressions sur le GR10
Je le pressentais et voilà qu’il
arrive face à moi : Rémy, mon compagnon de marche des jours précédents a
sauté quelques étapes après Merens pour faire le chemin inverse Bolquère ->
Mérens, en pente plus douce, avec une amie qui débute en randonnée. Avec un peu
de chance, on se retrouvera le 24 août à Banyuls...
Avant de se quitter, il me livre ses impressions sur le GR10 :
Avec l’entrée dans Bolquère -
charmant village au demeurant -, et la route vers Cabanasse et Planès...
je sens que l’Ariège n’est plus qu’un vieux souvenir. Le temps d’alourdir mon
sac à dos de quelques emplettes à la supérette de Bolquère et je redémarre. Je
loupe une bifurcation et longe la D 10 pour retrouver le GR un peu plus loin...
Je vais de surprise en surprise ornithologique : deux vautours
percnoptères survolent les champs à la manière des milans, probablement à la
recherche de quelques charognes ou petits mammifères dérangés par les travaux
agricoles. Plus loin en forêt ce sont deux autours des palombes qui cerclent
au-dessus de la canopée tandis qu’un pic noir siffle à proximité de cueilleurs
de giroles...
Eglise de Planès
Mes pieds sont en feu... Je
troque mes vieilles chaussettes contre une paire toute neuve, mais il faudra
plus pour calmer la fournaise dans mes chaussures. Aussi, je ne suis pas
mécontent d’atteindre, à 2h30 de marche de Planès, le Refugedel’Orry. Il est 16h quand j’y arrive. La partie gauche du bâtiment constitue la cabane
pastorale tandis que la partie droite sert de refuge aux randonneurs. Mais
cette dernière partie fait grise, mine car elle a été inondée suite aux orages
des derniers jours...
Refuge de l'Orry
Le temps de monter la tente et de
me jeter dans l’eau de la rivière en contrebas, une heure passe... Le ciel est
menaçant mais sera vite remplacé par un nuage de brume montant de la vallée et
recouvrant peu à peu les sommets de la montagne avant de s’abattre sur la
tente... J’anticipe le bonheur d’une nuit au grand air après celle, suffocante,
passée dans la chambre, fenêtres fermées, du refuge des Bouillouses. Je suis
épuisé et lutte pour ne pas m’endormir. Pas d’inspiration ni envie d’écrire mes
notes ce soir. Y a des jours comme cela...